Construire un secteur intégré des minéraux critiques au Canada : un investissement essentiel pour répondre à la demande croissante et améliorer la vie quotidienne des citoyens

Il n’est pas exagéré de dire que nous ne pourrions pas survivre dans une société moderne sans les minéraux critiques. Nous les trouvons dans des centaines de choses que nous utilisons au quotidien, des téléphones cellulaires aux ordinateurs portables, en passant par les bouilloires et le dentifrice.

La fabrication, la construction, l’agriculture, l’intelligence artificielle et les technologies propres ne sont que quelques-unes des industries qui dépendent de ce secteur, dont la valeur marchande mondiale devrait atteindre 770 milliards de dollars américains (en anglais seulement) d’ici 2040 (AIE, 2024).

« La façon dont nous vivons, travaillons et nous divertissons est liée à notre approvisionnement en ressources naturelles, en particulier en minéraux critiques », déclare Ardy Sufi, vice-président, Développement des affaires, Minéraux et Métaux chez AtkinsRéalis, une entreprise de services d’ingénierie et nucléaire spécialisée dans le cycle de vie complet du secteur des minéraux critiques. « Cela s’applique non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et à des clients et consommateurs mondiaux importants », a souligné M. Sufi. En raison de cette dépendance, les experts insistent sur la nécessité d’une chaîne d’approvisionnement intégrée et autosuffisante à l’échelle continentale pour éviter de perturber les industries et le mode de vie au Canada.

Un « minéral critique » est défini selon trois critères : il est essentiel à l’économie, mais son approvisionnement est menacé; il est nécessaire à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone; et il constitue une source durable de minéraux pour les partenaires et les alliés du Canada.

Au total, le Canada a recensé 31 minéraux critiques, notamment le lithium, le nickel, le graphite, le cobalt et le cuivre, ainsi que les éléments des terres rares, dont bon nombre présentent un risque élevé de perturbation de la chaîne d’approvisionnement.

L’instabilité géopolitique actuelle et la possibilité de droits de douane élevés sur les importations font en sorte qu’il est essentiel pour le Canada de créer un approvisionnement résilient de minéraux critiques et de prendre des mesures pour sécuriser sa chaîne de valeur, de l’extraction et de la transformation des minéraux à la fabrication et au recyclage de ses produits finaux, a expliqué M. Sufi.

« Nous ne sommes pas autosuffisants, mais nous sommes en voie d’y parvenir », explique-t-il. « Ce que nous devons faire, c’est intégrer tous ces processus. »

En sécurisant l’extraction et la production de ces minéraux de bout en bout grâce à des investissements privés et publics, le Canada pourrait non seulement consolider son rôle de premier producteur et transformateur sur le marché mondial, mais aussi garantir que son propre approvisionnement est à l’abri des perturbations, ajoute-t-il.

C’est pourquoi des experts du secteur, comme AtkinsRéalis, appuient la Stratégie sur les minéraux critiques du gouvernement fédéral. Publiée en 2022, la stratégie de 4 milliards de dollars sert de feuille de route pour explorer les régions riches en minéraux du pays et tirer parti de sa chaîne de valeur minière nationale grâce à l’innovation et aux investissements pour, en fin de compte, relier les minéraux et métaux canadiens, depuis leur extraction et transformation, à la chaîne de fabrication nationale.

La transition énergétique dépend des minéraux critiques

Alors que le monde s’oriente vers un avenir décarboné, avec des objectifs de carboneutralité d’ici 2030, la demande mondiale de minéraux critiques – dont beaucoup sont essentiels pour les sources d’énergie renouvelable et la technologie – devrait exploser.

Les véhicules électriques ont besoin de lithium pour les batteries, le réseau électrique du Canada a besoin de cuivre pour le câblage et l’énergie solaire a besoin d’indium et de tellure pour les panneaux solaires.

« L’exploration est la première étape pour s’assurer que le Canada est prêt à appuyer la prochaine phase de son économie verte », a déclaré M. Sufi.

« Le secteur des petites sociétés minières du Canada, qui réalise une grande partie de l’exploration pour ces minéraux, a besoin de soutien pour prendre de l’expansion », explique-t-il. « Nous avons besoin d’avoir un approvisionnement national, car s’il y a une perturbation dans la chaîne d’approvisionnement et que nous n’avons pas suffisamment de matériel, nous serons contraints d’interrompre notre production. »

Dans le cadre de sa stratégie sur les minéraux critiques, le gouvernement fédéral a instauré un crédit d’impôt pour l’exploration de minéraux critiques (en anglais seulement) pour aider les sociétés minières canadiennes à assumer certaines dépenses, notamment le forage et l’échantillonnage de roches et de sols.

« Grâce à sa réputation bien établie en tant que puissance minière mondiale, le Canada est en bonne position pour saisir les possibilités économiques dans le domaine des minéraux critiques tout en assurant un approvisionnement stable en minéraux essentiels nécessaires à ses propres objectifs de transition énergétique », a ajouté M. Sufi.

Selon les perspectives 2024 de l’IEA (en anglais seulement) de Global Critical Minerals, il existe un écart important entre l’offre et la demande futures de cuivre et de lithium, l’offre minière prévue dans le cadre des projets annoncés ne répondant qu’à 70 % des besoins en cuivre et à 50 % des besoins en lithium.

Le Manitoba, l’Ontario et le Québec devraient être une source future de lithium et le projet de 5 000 kilomètres carrés du Cercle de feu du Nord de l’Ontario est une source mondiale de nickel et de cuivre.

Une chaîne d’approvisionnement nationale de batteries pourrait, à elle seule, contribuer directement de 5,7 à 24 milliards de dollars au PIB annuel du pays d’ici 2030 et soutenir jusqu’à 81 000 emplois directs et 333 000 emplois indirects, selon un rapport de 2022 de Clean Energy Canada (en anglais seulement).

La sécurisation de l’ensemble de la chaîne de valeur créera des possibilités d’emploi pour les collectivités urbaines, éloignées et autochtones partout au pays.

Une injection d’investissements privés et publics est nécessaire pour les installations de traitement qui transformeront les minéraux extraits en matériaux utilisables, selon M. Sufi. L’augmentation des capacités de fabrication permettrait également au Canada de transformer ses intrants de minéraux critiques en produits finaux sans avoir à exporter certaines parties du processus. Selon les données du projet de 440 mégatonnes de l’Institut climatique du Canada, on estime que 30 milliards de dollars sont nécessaires pour extraire les minéraux critiques.

Le gouvernement fédéral a réservé plus de 3 milliards de dollars pour des subventions et d’autres mesures incitatives pour des projets de minéraux critiques par l’entremise d’organismes comme le Fonds stratégique pour l’innovation (FSI), le Fonds pour l’infrastructure des minéraux critiques (FIMC), le Programme de recherche, développement et démonstration pour les minéraux critiques (PRDDMC) et le programme des Partenariats pour les ressources naturelles autochtones (PRNA).

« Il s’agit simplement de saisir l’occasion », a dit M. Sufi. « Nous devons investir maintenant parce que toute perturbation de la chaîne d’approvisionnement aura un effet d’entraînement sur notre économie, ce qui aura des répercussions sur l’ensemble du marché du travail et qui serait un grave problème de défense nationale pour nous. »

Le recyclage dans l’économie circulaire

La clé pour atteindre les objectifs de carboneutralité est de soutenir l’économie circulaire. Une transition vers les voitures électriques est inévitable, selon M. Sufi, « mais même si vous exploitez toute la réserve de lithium dans la croûte terrestre, il n’y aura toujours pas assez de lithium ».

« À ce jour, il n’y a pas de technologie entièrement mise au point pour ce type de recyclage », a affirmé M. Sufi. « Cependant, certaines entreprises canadiennes ont des projets de recherche et développement à l’étape du projet pilote, ce qui crée des possibilités d’investissement dans des solutions locales. »

Une de ces entreprises, Cyclic Materials, établie à Kingston, en Ontario, a récemment annoncé (en anglais seulement) qu’elle avait reçu un investissement en actions du Fonds d’innovation climatique de Microsoft.

« Lorsque des innovateurs comme celui-ci reçoivent un appui important, nous pouvons être des chefs de file dans le domaine », a déclaré M. Sufi. « Nous devrions donc investir le plus possible dans cette partie de l’économie circulaire. »

Comme AtkinsRéalis possède des dizaines d’années d’expérience dans tous les domaines de la chaîne de valeur, M. Sufi a affirmé qu’elle est capable de réunir les différents acteurs nécessaires, qu’il s’agisse des sociétés minières ou des entreprises de recherche et développement dans le domaine du recyclage.

« Nous sommes ce qui unit ces différents éléments. Nous avons les compétences, les bonnes personnes, les bons talents et la confiance de nos clients, et nous apportons tout cela à chaque projet », a déclaré M. Sufi. « La demande est déjà là, alors la façon dont nous aborderons ce défi façonnera le succès de notre transition vers l’énergie propre. »